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Jean-François Copé au Conseil National "les Républicains"

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Conseil national "les Républicains", samedi 13 février 2016 • Jean-François Copé prend la parole à la Tribune devant les Élus et Cadres du parti.

Mes chers amis,

Je dois vous avouer que c’est avec une certaine émotion que je m’exprime devant vous aujourd’hui, après 20 mois de silence. Et c’est vrai que vous retrouver aujourd’hui revêt pour moi une dimension particulière.

Bien sûr, dans un instant je vais évidemment évoquer les questions politiques comme l’on fait mes amis avant moi mais peut-être juste avant sur un plan peut-être plus personnel et plus affectif vous dire que j’ai il y a quelques temps traverser une période assez violente et que même si ce n’est pas comparable d’aucune manière à ce que pourrait être une grave maladie ou la perte de quelqu’un qu’on aime, c’est vrai que j’ai eu besoin d’entamer une période de silence, de réflexion, d’écoute, de partage aussi, de résilience, comme on dit.

C’était lié à cette triste affaire dite « Bygmalion » vous le savez qui m’avait conduit à quitter mes responsabilités de Président de l’UMP.

Et en même temps c’est vrai que les 20 mois que j’ai eu l’occasion de vivre avec je dois dire beaucoup d’entre vous ont été des mois passionnants en fait indispensables quand on veut se reconstruire.

Et c’est vrai que jamais je n’aurais pu le faire si je n’avais pas eu la chance d’avoir le soutien de beaucoup d’entre vous.

Et c’est vrai que des mots comme la solidité, la fidélité, l’affection, la liberté aussi – la liberté de dire les choses sans craindre de se le voir reproché – ce ne sont pas des mots en l’air et c’est lié aussi à cette idée que je me fais de notre famille politique d’être toujours en situation d’être là quand les temps sont difficiles. De ne jamais lâcher ceux en lesquels on croit, lorsqu’ils se battent, lorsqu’ils s’engagent, quand il faut les investir dans des élections.

Moi je n’ai pas oublié les moments partagés avec tous et toutes, quelles que soient d’ailleurs les sensibilités des uns ou des autres, et notamment de cette fantastique vague bleue des Municipales où tant d’entre vous ont été élus remportant ainsi un succès dont nous étions si fiers les uns et les autres.

Je n’ai pas oublié parce que je sais le chemin que chacun et chacune parcoure aujourd’hui sur cette base. Comme de la même manière je n’oublie pas le travail que vous accomplissez les uns et les autres au quotidien et que nous faisons tous autour de Nicolas (Sarkozy) notre Président.

Alors c’est vrai que lorsque lundi dernier les magistrats après de nombreux mois d’investigations m’ont fait connaitre qu’ils ne me mettaient pas en examen que je ne faisais pas l’objet de poursuite [applaudissements de la salle] – moi qui n’ai cessé de dire mon innocence – j’ai ressenti beaucoup d’émotion et aussi je dois vous le dire un sentiment de justice.

Pour tout cela je veux simplement vous dire « merci » parce que vous avez été là.

L'appel au Sursaut Français

J’ai traversé c'est vrai, comme vous tous d’ailleurs, la France encore une fois et ces 20 mois de rencontres avec les Français que j’ai consigné dans un livre le « sursaut français » c’est une sorte de réponse à tous ceux qui se lamentent et qui font surtout commerce de déclinisme sur le thème – la France se meurt la France est morte – pour paraphraser Bossuet. Cette formule terrible, cette idée, comme disait le vieux Maréchal que « le cœur serré on devrait cesser le combat » est une idée insupportable.

Même si tout est organisé pour casser le moral de nos compatriotes. Parce que ça ne correspond pas en fait à ce que pensent et à ce que disent les Français eux-mêmes.

J’ai vu comme vous en vérité un pays qui va à la fois très mal mais aussi très bien et je rêve que nous soyons plus nombreux à le rappeler.

Un pays dont les habitants ont en marre d’être en permanence pointés du doigt pour ce qu’ils font ou ce qu’ils sont alors même qu’ils rêvent de renouer avec le succès avec la réussite avec le positif.

Un pays qui veut retrouver sa souveraineté qui veut maitriser son destin et moi je pense que vouloir retrouver sa souveraineté ça ne veut pas dire être anti-européen bien au contraire je pense tout simplement que ça veut dire retrouver son rang à travers les réformes nécessaires.

Alors c’est vrai peut-être inspiré de mon petit exemple j’ai eu l’impression qu’il y avait 60 millions de pointés du doigt en France. De gens qui en réalité qu’ils soient riches ou pauvres qu’elles que soient leurs origines géographiques, philosophiques, religieuses, politiques, en réalité se sentent épiés, contrôlés empêchés de faire. Et en vérité ce qui m’a le plus frappé en les écoutant c’est de les entendre en fait faire un terrible reproche aux responsables politiques de gauche surtout mais parfois aussi de notre famille politique lorsqu’ils nous disent vous n’avez pas assez de résultats.

Regardez la Grande-Bretagne l’Allemagne ! Vous devez vous engager sur des résultats. Le chômage, l’insécurité, l’immigration, les déficits, la croissance.

La vérité, on l’entend si souvent, c’est lorsqu’ils nous disent « pourquoi est-ce qu’on recule à chaque fois que c’est difficile à chaque fois qu’il y a une contestation ou une grève ? »

Ces messages-là mes chers amis je pense qu’il faut qu’on les reçoive comme ils viennent avec d’autant plus de considérations que les mois qui viennent vont être des mois extrêmement importants.

Regardez encore la tragi-comédie sur le sujet de la déchéance de nationalité. Les attentats tragiques du Bataclan c’était le 13 novembre. Nous sommes à la mi-février encore en train de nous entredéchirer à cause des palinodies gouvernementales pour une mesure qui en réalité relève en fait du bon sens parce que la déchéance de nationalité on le sait bien ne permet pas de lutter contre le terrorisme mais elle est et c’est pour cela que je l’ai soutenue une manière d’accompagner le travail de deuil des français.

Et bien sûr qu’il fallait cher Nicolas (Sarkozy) la voter parce que c’était une manière évidemment de montrer que dans ce domaine nous entendons la tristesse et la colère de nos compatriotes.

De la même manière, comment comprendre sur un sujet comme Notre-Dame des Landes, le Président de la république, alors que c’est un dossier qui est ouvert depuis les années 60, recule une nouvelle fois en nous parlant d’un référendum d’initiative locale.

Comment comprendre de telles hésitations à un moment où, ce que les Français attendent de nous, c’est que l’on décide !

 La Droite décomplexée 

Alors c’est vrai... C’est vrai... C’est vrai que dans ce contexte, l’année 2016 va être une année extrêmement importante pour nous parce que l’année 2017 sera l’année de l’élection présidentielle et sans doute d’une dernière chance si on veut enrayer le déclin.

Vous savez il y a quelques années de cela je parlais de la Droite décomplexée. Cela avait créé à l’époque quelques débats.

Cette idée selon laquelle la main ne doit pas trembler quand il faut prendre des décisions difficiles. [applaudissements de la salle]

Cette idée selon laquelle on doit nommer les choses plutôt que tourner autour du pot quitte parfois à avoir des polémiques comme lorsque, avec beaucoup de mes amis parlementaires et ils s’en souviennent j’ai mené le débat pour convaincre les uns et les autres qu’il fallait interdire le port de la burqa dans notre pays. [applaudissements de la salle] Devant parfois le scepticisme ou le sarcasme.

De la même manière mes chers amis que la droite décomplexée, cela veut dire porter des valeurs parce que je n’ai jamais compris pourquoi l’on pouvait être fier de Gauche – et c’est éminemment respectable – et pourquoi il fallait sans cesse s’excuser d’être fier d’être de Droite ?! [applaudissements de la salle]

 Une nouvelle méthode de gouvernement 

Alors... Alors c’est vrai pour cela il n’y a pas trente-six solutions. Je pense que nous devons dans cette année 2016 profiter de cette opportunité unique pour porter le débat avec les Français mais pas dans n’importe quelle condition.

Je souhaite pour ce qui me concerne qu’on entende toujours cette idée : vous devez avoir des résultats ! Être sans doute plus ambitieux dans l’obtention des résultats et plus humble dans l’effet d’annonce de mesures dont on sait pertinemment qu’elles ne résoudront pas les problèmes.

Alors c’est un nouvel état d’esprit avec des mots nouveaux celui par exemple qu’on a tellement de mal à prononcer : la bienveillance.

La bienveillance ce n’est pas la naïveté. La bienveillance c’est simplement cette idée qui consiste à chercher ce qu’il y a de positif chez les autres de ne pas rejeter sur leur dos nos propres problèmes d’essayer d’imaginer de faire gagner les autres au service du collectif.

Et puis le nouvel état d’esprit c’est le pragmatisme, c’est de vivre dans ce XXIème siècle et de comprendre qu’il n’y a plus aucune réponse idéologique du XIXème ou du XXème pour répondre à l’explosion du numérique et au grand bouleversement du Monde d’aujourd’hui. [applaudissements de la salle]

Les Ordonnances

Dans ce contexte, il faudra alors une nouvelle méthode et c’est sur ce point que je ne cesse depuis des années de militer.

Si nous voulons vraiment avoir des résultats il faut arrêter de passer autant de temps à débattre de textes législatifs – qui durent, qui durent, qui durent – pour régler parfois des problèmes qui ont émergé le matin et dont on a fait semblant d’annoncer la solution le soir.

Je préconise ce qui est pour moi la seule manière de faire. Ce que fit le Général De Gaulle en 1958 : le Gouvernement par ordonnances.

De telle manière que le candidat qui soit issu des primaires élabore et propose aux français pendant la campagne un contrat avec les 10 – 15 propositions qui vont enfin déverrouiller notre pays. [applaudissements de la salle]

Que ces propositions soient adoptées les premiers jours de juillet 2017 de telle manière qu’à partir du mois de septembre la France puisse se consacrer à l’application des décisions et non pas à des débats infinis pour savoir si on doit ou non mettre en œuvre des décisions pour lesquelles on a été élus. [applaudissements de la salle]

Ce changement mes chers amis est un changement majeur c’est quelque chose que nous n’avons jamais, en fait, vraiment essayé.

Que la première année d’un quinquennat soit consacrée à prendre les grandes décisions et les quatre autres à les appliquer alors on pourra aller à la fin du quinquennat avec un résultat et une évaluation.

C’est un changement complet dans la méthode de gouvernement et j’y ajoute bien sûr que cela veut dire restreindre le périmètre de l’Etat.

Tu as raison Luc (CHATEL), totalement raison, l’Etat ne peut pas continuer de s’occuper de tout n’importe quand n’importe comment au gré des circonstances. Ce qui compte ça n’est pas le prochain sondage ou le prochain journal de 20H aussi intéressants soient-ils. Ce qui compte c’est sortir de l’immédiateté pour s’intéresser au long terme qui seul permet d’imprimer sa marque dans l’histoire d’un grand pays. [applaudissements de la salle]

Alors oui je pense que ce sont 3 objectifs et trois seuls sur lesquels nous devons travailler.

Le premier c’est de remettre de la Liberté économique à tous les étages et de le faire vraiment.

Référendum d’entreprise généralisé, numéro d’inscription au registre du commerce pour chaque jeune qui a l’âge de seize ans reçoit son numéro de Sécurité Sociale pour se protéger et qui en même temps se trouve inciter à nouer le plus vite possible un premier contact avec le monde du travail.

Baisse des impôts, courageuse, chiffrée sur la base de baisse de dépenses, courageuse et chiffrée.

Réduction du déficit budgétaire.

Mais aussi avoir le courage de dire que si on veut une fonction publique moderne il faudra assumer d’en finir avec l’emploi à vie pour les fonctionnaires nouvellement recrutés. [applaudissements de la salle] Ne pas avoir ce courage c’est ne pas dire la vérité aux Français.

Le deuxième pilier mes chers amis nous en parlons tous il faudra l’assumer c’est de rétablir l’Ordre dans notre pays.

Notre pays qu’on le veuille ou non n’est pas aujourd’hui organisé pour lutter contre les menaces d’insécurité. Depuis le terrorisme le plus grave jusqu’aux questions de délinquance. Il faudra et je le préconise depuis bien longtemps des embauches massives dans la Police, la Gendarmerie, la Magistrature, le Personnel pénitentiaire. Si nous ne réinvestissons pas des crédits publics dans ce domaine nous n’y arriverons jamais, arrêtons de nous mentir sur ces questions.

Aujourd’hui l’Etat n’est pas armé, outillé pour pouvoir faire place aux menaces de délinquance et de laxisme qui envahissent notre pays.

Enfin le troisième pilier c’est celui du Progrès

Ou pour être plus précis de réduire les inégalités des Français au service du Progrès.

Le numérique, qui est un sujet absolument majeur face à un monde en plein bouleversement qui fait que notre rapport au travail est modifié. Regardez Über ! Notre rapport à la santé est modifié. Des chercheurs travaillent aujourd’hui pour imaginer que l’on puisse vivre demain jusqu’à 130 – 150 ans. Imaginez la tête du débat sur la retraite à 60 ans dans ce contexte.

Et puis, de la même manière réduire les inégalités sur la question de l’éducation. Luc Chatel a raison. C’est un domaine où il faudra mettre les pieds dans le plat sur la question de l’autonomie totale pour nos collèges et la question de l’apprentissage.

Et puis enfin, les inégalités en ce qui concerne les générations. Il est des fléaux aujourd’hui dont nous n’avons pas le courage de parler suffisamment. Je pense en particulier à la maladie d’Alzheimer qui touche d’innombrables familles et pour lesquelles je regrette que notre famille politique ne puisse pas sans doute prendre une initiative plus importante. Je me risque... Pourquoi ne pas imaginer comme nous avions eu le courage de le faire il y a quelques années de renoncer à un jour férié peut-être celui du 8 mai. il y a tellement de jours fériés au mois de mai pour le consacrer exclusivement à la lutte contre la maladie d’Alzheimer qui touche tant de familles française.

Cela mes chers amis fait partie de ces idées simples que je veux qu’ensemble nous travaillions pour le bien des Français.

 La France décomplexée 

Je vous disais tout à l’heure combien j’ai milité pour une Droite décomplexée et pour finir aujourd’hui je voudrais dire que ce dont je rêve en fait c’est d’une France décomplexée.

Parce que notre pays recèle en son sein de fantastiques potentialités, à une condition, c’est qu’elle soit en situation demain de se débarrasser de ses complexes pour donner le meilleur d’elle-même.

D’en avoir assez de se regarder en baissant la tête mais plutôt en étant fiers de nos talents. Parce qu’on aura remis de la liberté économique. Parce qu’on aura remis de l’ordre. Et parce qu’on aura veillé à réduire les inégalités face au Progrès.

Voilà mes chers amis quelques pistes de réflexion qui me paraissent majeures pour les temps qui viennent qui seront si importants pour l’avenir de nos enfants.

Car c’est bien cela le dernier mot auquel je songe...

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Si nous faisons tout cela ce n’est pas pour nous. Ce n’est pas pour essayer ici ou là de grappiller quelques suffrages supplémentaires.

C’est parce que si notre famille politique qui depuis toujours incarne la réforme, le courage politique, n’a pas à cœur de veiller à ce que demain nos enfants grâce aux décisions qu’on prendra auront un pays en bon état alors nos enfants auront honte de nous et cela n’aura plus aucun sens de s’engager en politique pour la France.

Voilà pourquoi mes chers amis, je crois que le temps est important et que le courage dont nous saurons faire preuve dans les mois qui viennent fera évidemment la différence face aux socialistes comme face aux populistes.

Et puis ne l’oublions jamais, c’est un petit secret que je vous confie, en vérité à la fin ce sont toujours les gentils qui gagnent... Merci.